Bonjour
J'ai retrouvé ce post que j'avais ecris sur le forum de psycho ressources
pour une Marie "psychotherapeute" jungienne dont j'ai perdu la trace...
LA GAZETTE DU VILLAGE 2ème édition
Rédacteur en chef. Sigmund
Convoqué à la mairie, afin de toucher ma « pige », M. le maire me dit : « Pour l’instant, cher Sigmund, on est en manque de liquidités, mais dès que nous débloquons la situation, je vous fait signe… (Refrain connu !) Allez, faites nous un bon « papier » sur Marie, la Jungienne. Elle demeure place des archétypes …
Je trouvais sans peine.
Une magnifique demeure de style « Victorien » où grimpaient, le long de la grille dorée, bougainvillées, jasmins et glycines…
J’agitais la cloche. Un homme de couleur, tout vêtu de blanc, très stylé, s’approcha de la grille.
- Je voudrais parler à Mme Marie dis-je.
- Oué Missié, Bambou va ché’euu ché , mééou touess», Bouana ! (Enfin c’est ce que je compris !)
Elle apparut sur le perron et fit un signe de la main signifiant à « Bambou » de nous laisser ! Descendant l’escalier, elle me lança « how do you do ? »
- Ben v’la aut’e chose, pensais-je ! Si elle baragouine en angliche, là je suis mal, car, pour moi, l’anglais, c’est du chinois !!
- Hello miss Marie, bredouillais-je, avec cet accent si spécifique, et ô combien inimitable, qui sied aux natifs de la rue Mouffetard, à Paname !!
Elle était magnifique, très « classe », grande, élancée, superbe…
Mais ses jambes … ! ses jambes… ! Elle avait des fumerons ! On aurait dit des brancards à pousse- pousse, genre flamant rose !!
Je pensais « elle doit prendre des bains de pied dans un canon de fusil à 2 coups… ! »
Elle sourit « ne vous fatiguez pas, je pratique aussi la langue de Molière ».
- Ouf !, me dis-je.
J’entrais et pris place dans un fauteuil « régence ».
- Désirez-vous prendre un thé ?
- Heu…oui.
J’ai horreur du thé ! Mais la bienséance !
- J’ai du thé à la banane, que je fais venir de Ceylan comme la Queens !
- La Queens ? La Queens ? Pensais-je, « mais c’est la vieille rosbif, attifée comme une brocanteuse, avec ses galures à la con et qui a toujours l’air heureuse comme un poisson sur un tas de mâchefer !! »
- Alors, c’est vous Sigmund, le reporter ?
- Oui, justement, parlez moi de Jung et de son livre-culte « Mysterium conjunctionis » (un vrai baba au rhum !) que vous avez traduit de l’allemand en coréen du sud et qui a fait un « tabac » ! Quel succès !
- Oui, répondit-elle, avec un soupçon de fierté dans la voix….
(Cela avait bien fait rire les Coréens, qui n’avait rien compris, mais comme ils rigolent de tout et de rien, d’ailleurs eux-mêmes ne savent pas pourquoi.). Il s’était bien vendu… dans les pharmacies, au rayon somnifères…
En finissant mon thé (putain, le thé à la banane !!!), je lui demandai : parlez-moi du Maître, Carl Gustav.
- Oh oui, me dit elle, il était un homme charmant et quel génie ! Nous buvions souvent le café ensemble. Un jour il m’a confié : « vous ne pouvez pas imaginer, très chère, la trouille verte que j’ai des araignées rouges. Je m’en étais ouvert à Freud, poursuivit-il, qui s’était mis à ricaner comme un malade, l’imbécile !! »
Le regard nostalgique, elle poursuivit : « Et sa typologie du concept archétypal de la synchronicité, dans les mythes archaïques, chez les primitifs à l’ère pré glacière… un pur bonheur ! »
- L’enfance de l’art m’écriais je… !
Et nous nous mîmes à rire, à gorges déployées, quand subitement son dentier se décrocha et voltigea dans le sucrier… ! « Damned » s’écria-t-elle, et vive comme l’éclair, s’en saisit et le replaça dans sa bouche !! Ah l’usure du temps … !
Elle s’enfonça dans son fauteuil, me toisa, et je vis passer dans ses yeux, comme une sorte de mélancolie.
- Sigmund, me dit elle, vous êtes un séducteur !!
Mon regard se porta sur un tableau où l’on voyait un militaire en tenue d’apparat très « prestance » et qui arborait un sourire de crabe mal cuit.
- Ah… me dit elle, mon premier mari, colonel dans l’armée des Indes, au service de sa gracieuse majesté, …hélas emporté par une dysenterie foudroyante, à cause d’un thé à l’eau croupie. Il avait perdu 45kg …en 8 jours. Pour maigrir plus, il aurait fallu qu’il perde un os…
C’était la belle époque, ajouta-t-elle !
- Il était grand et bel homme, un peu dans votre genre, tiens !
Et je vis passer dans ses yeux une sorte de « frisottement », comme seules les femmes…
Bon, pensais-je, il est temps de mettre les voiles, avant qu’il ne m’arrive des bricoles…
Nous nous levâmes et, sur le perron, elle me tendit sa main. Je m’inclinai et la baisa …
(La main !! hein ! Faut pas déconner non plus !)
Dehors elle me cria « revenez me voir, cher Sigmund, je vous dédicacerai ma traduction des cahiers de l’Herne en ouzbek ancien… »
Avec plaisir… lançais-je.
Et je me dis : « quelle femme, quel rayonnement, dommage qu’elle soit octogénaire… !!)
(Toute ressemblance…etc.)
Sigmund